Depuis 2010, l’immunothérapie, thérapie s’appuyant sur le système immunitaire, connaît un essor considérable. La principale innovation réside dans les possibilités thérapeutiques (les médicaments) ainsi que la compréhension progressive des mécanismes.
« C’est une discipline qui a révolutionné la médecine ces dernières années, notamment en cancérologie. L’avènement des immunothérapies a permis des progrès spectaculaires. Dans la plupart des cancers, maintenant, on utilise des médicaments issus de l’immunothérapie, explique le professeur Norbert Vey, directeur de l’Institut Paoli-Calmettes à Marseille. Il s’agit de moduler le système immunitaire pour le réveiller quand il est endormi. Ou d’utiliser les anticorps que fabrique notre corps pour se débarrasser d’éléments étrangers, auxquels on accroche par exemple un produit de chimio ou une substance radioactive. » Permettant une médecine de précision, l’immunothérapie est très présente dans les protocoles des cancers, mais se développe aussi dans d’autres champs : les maladies auto-immunes, inflammatoires, infectieuses. « On l’a vu avec le Covid. On a produit des anticorps, qui, en se collant au virus, vont permettre sa destruction. »
Aborder l’immunologie de façon transversale est intéressant, car plusieurs champs disciplinaires sont intriqués. Par exemple, les chimiothérapies diminuent les systèmes immunitaires des patients, qui sont alors plus sujets aux infections. À l’inverse, la stimulation du système immunitaire peut déclencher des maladies auto-immunes ou inflammatoires… « Les trois sont mêlés et il est intelligent de rapprocher ces disciplines dans un projet commun. Les partenaires industriels futurs savent qu’ils vont retrouver au même endroit une agglomération d’expertises, et quand on développe des médicaments, il ne faut pas négliger la problématique des effets secondaires« , insiste Norbert Vey.
Le professeur Olive, chef de l’équipe « Immunité et Cancer » du Centre de recherche en cancérologie de Marseille, travaille depuis 30 ans sur l’immunologie. Co-porteur du projet et actuel co-président du biocluster, son parcours est démonstratif. Venu de la recherche académique, il a su valoriser ses découvertes en créant des sociétés dont ImCheck Therapeutics. Cette dernière a produit un médicament actuellement en essai clinique à l’Institut Paoli-Calmettes. Il rappelle que si les concepts sont anciens, l’immunologie est une science récente. « Les outils thérapeutiques, qu’on appelle des anticorps monoclo- naux, sont très récents. Les anticorps sont naturellement capables de reconnaître des déterminants de pathogènes. Ils sont également capables d’agir en nous, c’est pourquoi nous pouvons en faire des médicaments. » « Nous sommes désormais en mesure, par des techniques moléculaires de génie génétique, d’en faire des outils de diagnostic ainsi que des outils thérapeutiques. Ce sont ces outils qui sont considérés comme révolutionnaires mais surtout qui véhiculent un espoir considérable pour des millions de personnes malades à travers le monde. Les anticorps monoclonaux sont des anticorps qui reconnaissent un seul antigène, une seule cible. Ce sont de véritables médicaments mais aussi des outils de détection. »
Photo : Le spectre des pathologies sur lesquelles peuvent être utilisés les agents thérapeutiques est large.